Est-ce mal d’acheter du cuir ?

Souvent victime d’idées reçues et d’opportunistes qui la dévalorisent, la filière du cuir souffre d’une image dégradée de la réalité.

Pourtant, il suffit de se pencher un peu plus sur les détails de cet art pour découvrir le cuir peut être un produit d’une extrême noblesse travaillé avec un savoir-faire d’exception dans le respect de l’environnement et du travail de chacun.

Ceci dit, les questions à propos de la maroquinerie sont plus que jamais légitimes. D’une part on est face à des préoccupations sociales et environnementales très présentes, d’autre part il est question de surconsommation encouragée à travers des actions marketings néfastes telles que le Black Friday (lien de l’article).

C’est pourquoi nous avons décidé d’éclaircir quelques détails dans cet article.
 

Qu’est réellement le cuir ?

Le cuir est une matière issue obligatoirement d’une matière animale. Aussi, le « cuir végan ou végétal » n’existe pas. Il s’agit d’un abus de langage employé par certaines entreprises. Mais cela ne veut pas dire que cette matière n’est pas intéressante pour autant. Nous y reviendrons plus tard.

Le cuir est donc, est forcément issu d’espèces animales variées tels que les mammifères, qui nous sont familiers ou non (vache, mouton, chèvre, buffle…), les reptiles (crocodiles, serpents, lézard…) ou même les poissons (perche, requin…).
 

Comme l’explique le Conseil national du cuir dans son dossier Le Cuir une histoire de savoir-faire : « le cuir est un co-produit de la viande et fait partie du Cinquième quartier ». Sa réutilisation permet donc de limiter le gaspillage lorsqu’il s’agit de cuir d’espèces élevées pour la consommation humaine avant-tout. Nous n’ouvrons pas le débat sur faut-il consommer de la viande ou non, soyons clairs !

Il existe par ailleurs 3 types de qualité de cuir :

  • Cuir pleine fleur : la partie supérieure du derme et donc celle qui offre la meilleure qualité de produit.
  • Cuir de fleur corrigée : correspond à un cuir dont le tanneur a supprimé les aspérités en ponçant la surface. Ceci a pour conséquence de faire disparaître les fibres qui donnent sa résistance et son élasticité au cuir.
  • Croute de cuir : la partie inférieure du derme. Elle est généralement poncée pour avoir un aspect « suédine » mais elle peut aussi être imprimée ou vernis. Il s’agit de la matière la moins noble et qualitative mais a l’avantage d’être moins chère à l’achat.

La provenance géographique et animale du cuir

Selon son pays d’origine, le cuir ne sera pas travaillé de la même façon et ni selon les mêmes normes, sans compter le transport que peuvent réaliser certaines peaux avant ou après transformation.

En Europe et plus particulièrement en France, les filières de l’industrie alimentaire et du cuir sont très règlementées pour assurer au maximum le respect de l’animal, de l’environnement et de la matière en elle-même.

Toutefois, se pose la question des cuirs dits « exotiques » : crocodiles, autruches, serpents, kangourous, requins ou encore lézards. Ici, la question est plus délicate. Le travail de certains d’entre eux peut malheureusement s’apparenter à celui de la fourrure dans le sens où l’animal est élevé en priorité pour sa peau. Certaines grandes maisons de luxe ont d’ailleurs internalisé l’élevage de ses animaux dans le but de sécuriser leur approvisionnement et réduire les coûts de production de leurs sacs à main.

Attention toutefois à différencier ces cuirs exotiques entre eux puisque tous ne sont pas concernés par ce phénomène comme l’autruche élevée en France pour sa chair ou encore le kangourou considéré comme nuisibles en Australie.

Quel est le rôle du tannage ?

Le tannage est le processus de traitement ou de transformation de la peau pour la rendre imputrescible et lui donner l’aspect que l’on souhaite (couleur, toucher, imprimés, souple, rigide…). Le tannage est une étape clef dans le traitement du cuir. 

Il en existe de deux types :

  • Le tannage minéral ou de chrome est réalisé à partir de tanins minéraux (sels de chrome, de fer…). Il est utilisé pour 85% des cuirs tannés. Il rend le cuir souple souvent plus souple le tannage végétal.
  • Le tannage végétal est réalisé à partir d’écorces d’arbres, de racines, de feuilles ou encore de fruits. Il rend le cuir plus rigide que le tannage minéral.

En Europe, les tanneries doivent respecter les normes REACH qui ont été mises en place pour limiter l’utilisation de produits chimiques. Elles sont très contraignantes pour les tanneries, ce qui permet de limiter l’impact écologique du processus.

Le problème se pose surtout dans les pays où de telles normes n’existent pas. Encore 80% du cuir provient de pays en développement où l’utilisation de produits chimiques est omniprésente.

Le facteur humain

Nous n’allons rien vous apprendre ici mais comme pour les autres activités, le travail n’est pas régi par les mêmes règles, lois, normes dans tous les pays.

Si vous souhaitez vous assurer que le travail des acteurs de la chaine du cuir a été respecté à sa juste-valeur (maroquiniers, tanneurs…) et exécuté dans de bonnes conditions, il est préférable d’éviter le cuir provenant de pays à la réputation houleuse.

Qu’en est-il du cuir « végan » ?

Comme mentionné plus haut, le « cuir végan » ou végétal est un mythe. En France, l’appellation « cuir » est exclusivement réservée aux matières animales transformées afin de ne pas tromper le consommateur sur le produit qu’il achète. Toutefois, le terme se retrouve encore auprès de sociétés étrangères qui ne sont pas soumises à cette contrainte légale.

À notre connaissance, il n’existe pas encore de matière végétale avec toutes les propriétés du cuir. Toutefois, cela ne signifie pas que ces nouvelles matières doivent être mises à l’écart. Elles nous semblent davantage être complémentaires et très prometteuses pour certaines.

Chaque année le Centre Technique du Cuir (le CTC, leader international en contrôle qualité et développement durable pour le cuir, la chaussure, la maroquinerie et l’habillement) entreprend des tests complets sur de nouvelles matières innovantes car tout comme le cuir, elles ont leurs propres particularités en termes de qualité, d’utilisation et de résistance.

Mais quoi qu’il en soit, il faut garder à l’esprit qu’un produit peut être issu de matières naturelles sans être vert ou éco-responsable. Les huiles essentielles par exemple font parfois polémique. Elles sont issues de produits naturels mais peuvent demandent des champs entiers de fleurs de l’autre côté du globe pour 1L d’huile vendu en supermarché. Le site jedeviensecolo.fr l’explique très bien dans son article. Il faut donc rester méfiants sur la provenance et la méthode de transformation de ces nouveaux produits.


Le cuir est-il donc une mauvaise chose ?

Non, il ne l’est pas par essence mais peut effectivement le devenir. Il pourra être plus éco-responsable que certaines matières dites « vertes » ou au contraire, avoir de tristes conséquences selon les normes auxquelles il aura été soumis.

Chez Valôme, nous avons pour cela fait le choix de n’utiliser que du cuir français ou italien, ceux-ci étant soumis aux normes européenne REACH. On priorise aussi grandement le cuir avec un tannage végétal. De plus, nous ne travaillons qu’avec des acteurs de proximité afin de mettre l’humain au cœur de nos préoccupations. Trêve d’inquiétudes, sur chaque fiche produit (mettre lien boutique en ligne), vous avez le détail.

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